Le secteur de la construction joue un rôle déterminant dans l’économie mondiale. Malgré son importance (1 502 500 travailleurs en France pour 148 milliards d’euros (HT) de travail par an), il est toujours décrit comme moins productif et moins innovant que d’autres secteurs. Une étude de 2020 révèle même que la valeur ajoutée d’un travailleur sur un chantier en France a baissé d’environ 20% au cours des 20 dernières années. En réaction, de nombreux acteurs reconnaissent la nécessité d’innover pour inverser cette tendance. De nouvelles formes de travail apparaissent grâce à l’introduction de technologies ou de principes tels que le Building Information Modeling (BIM), la réalité virtuelle et augmentée, la préfabrication, l’Internet des objets (IoT), la fabrication additive, la robotisation, etc.
Partout dans le monde, de grandes entreprises expérimentent déjà certaines de ces technologies, mais leur mise en œuvre n’en est encore qu’à ses débuts, notamment dans les petites entreprises. C’est d’ailleurs la difficulté majeure de ce secteur d’activité. En 2020, les petites entreprises (de moins de 20 salariés) représentent environ 99% des entreprises de construction françaises et 59% des effectifs salariés du secteur. A l’échelle européenne, la situation est la même, avec 92% des entreprises de moins de 10 salariés. C’est aussi un secteur extrêmement diversifié et éclaté qui comprend, par exemple, 24% d’entreprises spécialisées dans la maçonnerie générale, 11% dans l’électricité ou la peinture, etc. Les 650 000 entreprises (+45% en 10 ans) du secteur sont enfin réparties sur plus de 20 métiers différents en France.
Une étude visant à fournir une classification complète des technologies 4.0 actuellement étudiées et appliquées dans le secteur de la construction révèle, en effet, que ces technologies parviennent enfin à se diffuser au sein de ce secteur, et à compléter les différentes fonctionnalités d’un système industriel cyber-physique. Il s’avère que 7 “briques” technologiques sont à l’étude et très régulièrement citées et appliquées par différents auteurs, à savoir : la fabrication numérique, la préfabrication, le BIM, l’intelligence artificielle (IA), la modélisation (AR/VR, modélisation nD), les technologies de relevé dimensionnel ou géographique (balayage laser, drones, véhicules aériens sans pilote (UAV), photogrammétrie, GPS), et le suivi des matériaux (étiquettes RFID, réseaux de capteurs sans fil). Certaines des avancées les plus prometteuses sont présentées dans ce chapitre.